Coronavirus : Le transport maritime se met en alerte

 

Quand le géant économique de la planète va-t-il reprendre le travail ? la question hante actuellement les industriels locaux et étrangers ainsi que les transporteurs maritimes. L’économie, mise au chômage en Chine afin d’éviter toute propagation du virus, produit ses premiers effets indésirables. Les chantiers navals prennent du retard à un moment de sur-sollicitation. Les transporteurs du vrac, fortement tributaires de la vigueur des importations chinoises, s’inquiètent du ralentissement généralisé de la production industrielle. 

Le coronavirus, qui a fait son apparition il y a désormais plus d'un mois dans la ville de Wuhan, avait infecté près de 10 000 personnes et tué 213 personnes le 31 janvier. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé, le 30 janvier, la crise en « urgence de santé publique de portée internationale ». D’après le Washington Post, quelque 50 millions de personnes sont enfermées dans 16 villes en quarantaine.

Avec la prolongation des vacances du Nouvel An lunaire afin de réduire les risques de propagation, les premiers impacts sur l’activité économique en Chine commencent à être palpables. L’économie est au ralenti et les entreprises choisissent de reporter à plus tard leur ouverture. 

Si Pékin, dans une directive éditée le 27 janvier, a prolongé la période de vacances du Nouvel An Lunaire jusqu’au 3 février, au Hubei, foyer du nouveau coronavirus, qui abrite des usines des fabricants automobiles GM, Nissan et Honda, la reprise a été fixée au 13 février. Chez Tencent, Toyota et Leoni Wiring System Korea, branche du fabricant allemand de pièces automobiles, le retour au travail est prévu pour le 9 février. Plusieurs provinces comme le Guangdong, le Jiangsui, l’Anhui et le Yunnan*, ont décidé que les industries, dites non stratégiques, resteraient fermées jusqu’au 9 février. Shanghai a également décidé qu’aucune n’ouvrirait avant cette date. Au total, une petite trentaine de municipalités ou provinces ont annoncé l’extension de la période de vacances jusqu’au 9 février.  

Supply chain interrompue

Les conséquences pour la supply chain inquiètent. En Corée, elles alarment les constructeurs automobiles Hyundai et GM Korea, qui ont annulé les heures supplémentaires de leurs employés ce week-end tandis que SsangYong Motor envisagerait une suspension de son activité du 4 au 12 février.

« Le transport maritime de vrac sec reste fortement tributaire de la vigueur des importations chinoises. Un ralentissement important de la production industrielle aggraverait inévitablement le marasme saisonnier dans lequel le vrac sec est actuellement enlisé » indique l’une des plus grandes organisations mondiales du transport maritime, le Bimco.  « L'importation de produits pétroliers par la Chine joue un rôle essentiel pour le transport maritime. Or, les taux d’utilisation des raffineries chinoises ont chuté au cours de la semaine dernière, limitant le besoin d'importations de pétrole brut ». Pour anticiper la probable faiblesse de la demande de transport, certains armateurs ont déjà commencé à mettre en œuvre des « blank sailing », assure l’association du shipping.

La situation pose aussi problème dans les chantiers navals chinois de la région, qui ne peuvent plus tenir les planning à un moment où ils sont sur-sollicités, notamment pour adapter les navires à la nouvelle réglementation sur les carburants marins. Certains auraient d’ores et déjà prévenu certains de leurs clients de retards probables dans l’installation de scrubbers. Un manque de personnel serait par ailleurs signalé dans la manutention sur les quais

Dans la croisière

Pékin ayant interdit les voyages en groupe, toutes les compagnies présentes sur le marché chinois ont décidé d’annuler les départs et escales dans les ports chinois entre le 25 janvier et début février. Genting a ainsi supprimé les escales du World Dream prévues à Guangzhou les 31 janvier et 6 février mais a maintenu celles de Hong Kong aux mêmes dates. De son côté Costa a annulé deux départs des Venezia et Serena ainsi que trois du NeoRomantica. Récemment cédé à la compagnie chinoise CSSC Carnival Cruise Shipping, l’Atlantica a lui aussi vu deux de ses croisières ajournées.

Les trois prochaines croisières, prévues au départ de Shanghai, du MSC Splendida, ont également été annulées. Le paquebot sera repositionné au départ de Singapour, le 14 février, pour son « Grand Voyage » de 27 nuits au Moyen-Orient et en Europe, indique la compagnie, qui a mis en place des « mesures préventives » drastiques. Si aucun cas de coronavirus n’a été signalé à bord de ses paquebots, les croisiéristes sont tenus de remplir un questionnaire avant d’embarquer. « Quiconque aurait voyagé en Chine durant les 30 derniers jours se verra refuser l’accès à bord », assigne le croisiériste italo-suisse. « Tous les passagers et les membres d’équipage doivent également se soumettre à un détecteur thermique non tactile avant d’embarquer et toute personne montrant le moindre signe ou symptôme de la maladie se verra refuser l’accès à bord ».

Les annulations chez Royal Caribbean, notamment de trois voyages Spectrum of the Seas qui a son port d’attache à Shanghai, affecteraient ses résultats financiers. Si les restrictions de voyage se prolongent jusqu'à la fin février, le groupe américain estime la perte sur ses résultats de 0,10 $  par action. En 2020, la Chine représente environ 6 % de la capacité de la compagnie.

Restrictions du trafic international ?

La situation pourrait se tendre davantage si les liaisons maritimes avec la Chine venaient à se réduire. Or, ces derniers jours, les cas de suspicion se sont multipliées après la détection d’un risque chez un membre d'équipage à Singapour. Si les doutes ont été levés, six marins sri-lankais, signalés malades, à bord du navire CMA CGM Ural, qui avait visité plusieurs ports chinois, dont Shenzhen, Xiamen, Ningbo-Zhousan et Yangshan, ont semé le doute. Les passagers du paquebot Costa Smeralda, eux, n’ont pas pu profiter de l’escale du port italien de Civitavecchia en raison d’une suspicion sur un couple de passagers hongkongais.

Pour leur part, l’OMI et la Chambre internationale de la marine marchande (ICS) ont appelé leurs ressortissants à suivre les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « Si certaines mesures sont prises, il ne devrait pas y avoir de restrictions inutiles du trafic international », assure Guy Platten, le secrétaire général de l'ICS.

Thierry Joly, Adeline Descamps 

(Actualisation le 3 février) CMA CGM prend ses dispositions

Dans une note à ses clients, l’armement français fait part des dispositions qu’il a prises dans le cadre de l’épidémie du Coronavirus. « Excepté Wuhan, toutes les opérations du groupe, incluant terminaux, dépôts, entrepôts, bureaux et autres sites, restent ouverts. Les chargements et déchargements sur le port de Wuhan ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre. Nos équipes commerciales sont en contact permanent avec les clients impactés et assurent le suivi de leurs chargements ainsi que la mise en place d’alternatives de transport le cas échéant », indique le groupe.

Le transporteur français a en outre activé des mesures préventives « pour préserver au mieux l’état de santé et la sécurité de ses collaborateurs et pouvoir ainsi poursuivre les opérations quotidiennes, sans impact significatif dans la chaîne d’approvisionnement de nos clients ». Chaque agence « dispose d’un plan d’urgence opérationnel », fait valoir la compagnie.  

 

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