La Moselle, la seule voie navigable du Luxembourg

Le bateau de service Faucon 2 est opérationnel depuis 1999 ;  et le 10 mai, les participants à l'anniversaire des 50 ans du service de navigation fluviale du Luxembourg ont pu monter à bord.

Crédit photo Olivier Minaire/Bain&More
Le service de la navigation fluviale du Luxembourg fête cette année 2023 son cinquantième anniversaire. A cette occasion, NPI s'est entretenu avec deux représentants du fluvial dans ce pays, Max Nilles, conseiller au ministère des travaux publics, et Norbert Schilling, directeur du service de la navigation.

« Le transport fluvial avec des bateaux au gabarit de 1500 tonnes au Luxembourg est né avec la canalisation de la Moselle en 1956, notamment pour l’industrie sidérurgique, et la convention signée cette année-là entre le Luxembourg, l’Allemagne et la France.

Cette canalisation de la Moselle, inaugurée et mise en service en 1964, a aussi été un projet de paix après la guerre et une réussite de l’Europe, comme l’a dit alors Robert Schuman.

C’était une réalisation concrète à laquelle ont collaboré les Allemands et les Français avec, nous, les Luxembourgeois au milieu. La Moselle étant une frontière entre le Luxembourg et l’Allemagne et entre les trois pays à Apach-Schengen », rappelle Max Nilles, conseiller et chargé de direction navigation fluviale et logistique au ministère de la mobilité et des travaux publics, département de la mobilité et des transports, du Grand-Duché du Luxembourg.

S’intéresser aux 50 ans du service de la navigation fluviale de ce pays, fêté le 10 mai 2023 à l’écluse-barrage de Grevenmacher, revient ainsi d’abord à se plonger dans le passé, dans la géographie et la complexité des relations entre certains Etats de cette partie du continent européen au cours des décennies pas encore si lointaines du 20è siècle (voir l’encadré pour les dates et événements clés).

Des missions de plus en plus nombreuses

« La Moselle est la seule voie navigable du Luxembourg. Elle est importante pour l’économie du pays, au début pour la filière sidérurgique. Au moment de la canalisation, ce sont les Ponts et Chaussées qui ont été impliqués dans la construction des ouvrages. Pour leur gestion, du personnel a été dédié à partir de la mise en service en 1964. Le service de la navigation a été créé seulement en 1973. C’est la navigation 24 heures sur 24 ainsi que le niveau de trafic qui ont conduit aussi à cette organisation », poursuit le conseiller.

Un premier bateau de service a été acquis en 1966, le Faucon, remplacé depuis mais le nom a été gardé. Aujourd’hui, c’est le Faucon 2 qui est en service depuis 1999 et le 10 mai, les participants ont pu monter à bord.

En 50 ans, les missions du service de navigation fluviale se sont élargies au-delà de la gestion des barrages-écluses, ajoute Max Nilles, et comprennent notamment :

  • l’enregistrement/immatriculation des bateaux,
  • la gestion du domaine public fluvial,
  • une compétence de police,
  • une collecte des péages,
  • un entretien courant et du dépannage.

« Les plus grands travaux, quand ils sont nécessaires, sont réalisés par l’Allemagne avec une répartition financière des coûts », relève Norbert Schilling. Ce responsable indique que le service de la navigation, qu’il dirige, compte un effectif de 28 personnes.

A Grevenmacher, des installations ont été ajoutés en 2019 : une centrale photo-voltaïque sur le site réservé à la construction de la deuxième écluse et des bornes pour le branchement électrique à quai. Celles-ci concernent plus particulièrement les bateaux de plaisance et de tourisme. Le pays souhaite développer cette activité, la Moselle et ses abords au Luxembourg étant un lieu attractif.

Les défis actuels et pour l’avenir

L’anniversaire des 50 ans du service de la navigation a été l’occasion aussi d’aborder les thématiques actuelles de la filière fluviale : comme le défi que représentent les phénomènes de basses et hautes eaux, l’automatisation des bateaux.

« Trouver du personnel qualifié ou du personnel tout court est compliqué. L’automatisation peut alors constituer un moyen pour résoudre la pénurie d’équipage à bord », estime Max Nilles. Encore faut-il disposer d’une réglementation adaptée, définir les besoins en termes de matériels…

« Nous avons en projet d’automatiser un bac, transportant des personnes et des véhicules, qui navigue entre une commune au Luxembourg et une en Allemagne pour réaliser un test d’automatisation » avec l’opérateur Seafar.

Concernant l’autre volet de l’automatisation, celles des ouvrages (pilotage à distance), il n’est pas à l’ordre du jour.

Qu’en est-il du trafic ?

A l’écluse de Grevenmacher, selon le rapport annuel de la Commission de la Moselle publié fin mai 2023, le trafic a été de 4,93 millions de tonnes en 2022, en repli de -6,1 % par rapport à 2021. Le trafic conteneurs a diminué à 188 EVP (pleins et vides) en 2022, en recul de -15,3 % par rapport à 2021, bien loin des plus de 2000 EVP enregistrés en 2019 et 2020.

La répartition des marchandises est la suivante :

  • produits agricoles et sylvicoles, part de 41,8%,
  • combustibles minéraux, 15,9%,
  • pierres et terres (y compris matériaux de construction, 9,5%,
  • autres denrées alimentaires et fourrages, 9,1%,
  • minerais de fer et des ferrailles, 8,8%,
  • fer, acier et métaux non ferreux, 7,5%,
  • produits chimiques, 3,7%,
  • engrais, 2,7%,
  • pétrole, produits pétroliers 0,7%,
  • autres marchandises, 0,3%.

Une tendance à la baisse qui se retrouve sur deux autres écluses de la Moselle internationale tandis qu’une autre résiste :

  • Coblence avec 8,84 millions de tonnes (-3,4 %) et 17 428 EVP (-28,7%).
  • Apach avec 4,78 millions de tonnes (-11,1%) et 171 TEU (-9 %).
  • Kanzem avec 3,06 millions de tonnes (+8 %).

Selon les échanges lors de la séance plénière de printemps de la Commission le 24 mai 2023 : « Les statistiques de trafic  en 2022 ne sont pas favorables, en raison de facteurs non prévisibles, comme la pandémie, les étiages au courant de l’été ou la guerre en Ukraine, moins de marchandises ont été transportées sur la Moselle. Une hausse a pu être enregistrée pour les combustibles minéraux solides, dont fait partie le charbon. Mais cela n’a pas suffi pour compenser la diminution des tonnages des autres marchandises ».

 

La canalisation de la Moselle, une réussite européenne

Quelques dates à retenir qui montrent la réussite de ce projet d'infrastructure européen et le rapprochement régulier des pays qui longent la Moselle. La volonté du Luxembourg est d'ailleurs "d'aller toujours au niveau européen", dit Max Nilles. 

  • 27 octobre 1956 : signature de la convention sur la canalisation de la Moselle et création de la Commission de la Moselle en tant qu’organisme de régulation de la Moselle internationale.
  • 1961 à 1964 : travaux d’aménagement du chenal navigable et construction des barrages-écluses avec l’exploitation de Grevenmacher et de Stadtbredimus confiée à du personnel luxembourgeois.
  • 26 mai 1964 : inauguration et mise en service de la Moselle canalisée entre Coblence et Thionville.
  • 14 septembre 1976 : accord sur l’entretien, le renouvellement et l’exploitation de la partie de la Moselle commune en Allemagne et au Luxembourg.
  • 19 décembre 1984 : signature du traité frontalier établissant pour la Moselle la souveraineté commune (ou condominium) entre l’Allemagne et le Luxembourg.
  • 14 juin 1985 : signature de l’accord abolissant les frontières intérieures entre le Luxembourg, l’Allemagne, la France, la Belgique et les Pays-Bas.
  • 2008 : « arrangement » conclu entre les trois pays concernant la gestion et à l’exploitation de l’ouvrage d’Apach-Schengen.

 

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